La viëillie vatse (la vieille vache)


La viëillie vatse


Lé, i fon di pro,

totta tranquilla,

peuque l’erba

itor di meur.

Peuque l’erba,

guéye,

sa po que deman

lo patron

la pourte tchoué.

L’est viëllie, groussa,

et clérie case pamë,

mé streuppe,

enco gourmanda,

avouë la lenva grise,

lo tseufflo d’erba verta,

contènta de sa via,

péqué sa po

cèn que la attèn deman.


La vieille vache


Là bas, tout au fond du pré,

tranquillement,

elle broute l’herbe,

autour du mur.

Elle broute l’herbe,

gaie,

elle ignore que demain

son maître

l’amènera à l’abattoir.

Elle est vieille, grosse

et elle est presque aveugle

mais elle happe,

encore gourmande,

avec sa langue grise,

la touffe d’herbe verte,

contente de sa vie

car elle ignore

ce qui va lui arriver demain.